Billet d'humeur de Jean Pierre (concert de Erik Tran 21/01/11)
Eric Tran, sculpteur musical
Il y en a qui se saisissent d’une guitare pour chanter leur joie ou leur tristesse. D’autres, beaucoup plus rares, la considèrent, la tâtent, l’essaient, expérimentent, découvrent et composent leur musique à eux de toutes pièces. C’est le cas d’Eric entendu ce soir. Arrangements sonores complexes et complets, invention, originalité, le tout dans la légèreté et la finesse qu’autorise une parfaite maîtrise. C’est du son sculpté à coups de slaping, de picking, de palm mute, de tapping et d’arpèges sweepées, et j’en passe qui ne sont répertoriés nulle part, le tout composé avec des boucles sur un sampler high-tech. Il essaie tout, il réussit tout avec élégance. Parce qu’il bosse. Tranquillement, patiemment et avec précision et sensibilité. Il a une émotion, un plaisir esthétique à nous faire partager, et il sait partager. Ce soir, tout le monde était à l’écoute, autant que lui à l’écoute de son auditoire. Même ses silences étaient musicaux. Sa dextérité est au service du plaisir pur. Et sa voix, demandez-vous ? La voix est un instrument des plus difficile. Il la traite comme sa guitare, entier et honnête, entièrement dans sa recherche créatrice. Ce soir, ce n’était pas une soirée tripes avec les verres qui s’entrechoquent sous les lampes blafardes. C’était une précieuse soirée de lumière. Un joli cadeau.
On vous le dit, on vous le répète : c’est jamais pareil au Verre à Soi !
Jean-Pierre Treille