Billet d'humeur de Jean Pierre (concert de Josuah 22/10/10)

Publié le par philippe

vendredi 22 octobre
Ce soir, me voici dans la gêne. Fatigué, aguerri par tant de déceptions, je ne crois plus à grand chose. Surtout pas la Vérité. Mais le pays d’octobre me joue des tours.
Il y en a qui ne se lassent pas de chanter les louanges de notre mère Nature, bucolique à souhait, et de dénoncer tout en bloc « la société ». Derrière ces paroles qui me rappellent les années cinquante, on sent cet inlassable besoin de bonheur, de revenir aux origines, lorsque la terre était belle et les humains beaux… si tant est que cela ait existé.
Cette mélancolie, cet immense chagrin, cette nostalgie enfantine, je la connais bien. Elle me laboure le ventre depuis tant d’années. La dire, la chanter, c’est beaucoup plus risqué. Même les « bombes mentales » finissent par s’user. Et c’est bien là le drame véritable. Le chant du monde, celui de Giono, n’est plus ce qu’il était. Ce qui double notre nostalgie de l’origine par un drôle de sentiment suranné. On nous a volé notre chant, il reste à en inventer un autre, peut-être un chant du départ. Je ne sais pas.
Il joue bien de sa guitare, Josuha. Mais son chemin risque d’être long. Il risque de se perdre en des confins que personne n’entend plus. Je serais tenté de lui offrir une parole biblique de mon cru : « Plus le prêcheur marche, plus le désert avance. ».
Il me reste un sourire pour toi, Josuha. Un vieux sourire que j’avais oublié dans un profond tiroir fermé à double tour.
Suis-je bête, je me sens tout chose.
Jean-Pierre Treille

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