Billet d'humeur de Jean Pierre (scène ouverte 07/12/10)

Publié le par philippe

Endives, néons, et petite secousse.

 

Ma conjointe, parce que nous ne sommes ni paxés ni mariés, seulement adultères (car elle, elle est mariée), m’a concocté des endives au jambon, j’adore les endives au jambon, tandis que je m’occupais des néons de la boutique . J’en apportais deux, rouges, au Verre à Soi, en me disant que ça ferait un peu d’ambiance pour les djeunes qui devaient venir de loin, du Lycée Valentin de Bourg lès Valence pour être exact, afin de les mettre à l’aise dans ce repaire de vieux baignant dans le velours d’un blues éreinté et fleurant la nostalgie en espérant se refaire une santé juvénile.

Il semble que les sus avant-derniers cités aient apprécié notre accueil. Un groupe entraîné, musiciens de surcroît et même chanteurs en devenir, avec leur groupies femelles pubères. Belle prestation, ma foi, qui se trouva encastrée par hasard entre deux impros de Philippe et Dominique, une sorte de duo entre la guitare rocky folk de Phil et le son suédois – indescriptible donc - du Nickelharpe de Dom. De la haute couture, que dis-je, de la dentelle ! Ou comment faire avec les deux rives océanes quelque chose comme un îlot de bonheur, un radeau du plaisir, genre « si tous les gars du monde », ou même « Tous les matins du monde ». Impartial, je suis.

Mais je ne dois pas oublier Frank qui nous a fait une séance de katabruyichido, un art oriental difficile qui consiste à mettre les phrases et les mots en vrac dans un sac et d’agiter, broyer le tout jusqu’à ce qu’il ne reste plus qu’un goût d’amertume et de désolation. Cet art est devenu très à la mode en Europe et même dans tous les pays occidentaux, notamment dans la rue, à la télé et à la radio sans que les gens n’en aient vraiment conscience, tant il est devenu une habitude. C’est pourquoi Franck tente par ce moyen de remettre nos sens en éveil. On traduit pudiquement ça chez nous par « Emission de variété », voire « Magasine de l’information ». A l’origine, cet art était utilisé pour rendre les convictions, comme on rend la bouillie de tapioca. On l’appelait « cérémonie du thé ». Cela dit on apprécia, chacun à sa mesure du possible. La salle resta relativement propre.

Je suis reparti, ce soir, avec mes endives au néon mal digérées, mais content d’avoir passé encore une fois une soirée pas comme les autres.


Jean-Pierre Treille
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