Chronique de Jean Pierre "Phil & Vinc"

Publié le par philippe


27-05-2011

Phil & Vinc

Si je vous disais que je suis actuellement plongé, re-plongé, dans Nietzsche, vous ne me croiriez pas. C’est pourtant grâce à ses lumineux propos, plus un traducteur pointilleux qui chipote avec des renvois de notes à étouffer une taupe, que j’ai eu besoin de prendre l’air et que je suis tombé sur le concert de Phil & Vinc’. Comme quoi il ne faut jamais dire « fontaine je ne boirai jamais plus de ton eau », même glauque. L’heure, c’est l’heure. Après une attente déserte et aussi angoissante que le type de Hitchcock qui traverse la plaine du Nevada, Philippe et Vincent nous ont enfin embarqué du côté de Bob Dylan, et tout allait pour le mieux. Prestation à sec, pas un gramme de sonorisation, comme autour d’un feu de camp. Guitare pétillante et chaude contre basse. Le pied. A propos de Bob Dylan, je crois qu’il y eut à cette époque pas mal de gars nietzschéens sans trop le savoir, sur la route 66. Par delà le bien et le mal, c’était bien la liberté morale qui faisait leur quotidien. Si Nietzsche avait connu cette époque, il n’aurait peut-être pas inventé le surhomme en 1860, et le monde aurait été différent. C’est sûr. Cela dit, côté surréaliste, il y a eu aussi Bruno, notre grand frère à tous, qui s’occupe de nous, gère le présent, prévoit le futur pour tout le monde. Sauf pour lui, peut-être, comme pour les dieux de la tragédie grecque. Puisque, après nous avoir donné rendez-vous au couscous du coin, il a trouvé le moyen de perdre son porte feuilles dans le car, lui a couru après jusqu’à Saillans (sportif, hein ?!). De là il a télégraphié à une copine de Die qui a stoppé l’autocar fou avec un bazooka et fouillé les banquettes jusqu’à retrouver le-dit porte feuille, et nonobstant quoi re télégraphier à Bruno la réussite de l’opération. Nous, on l’attendait. Humains, trop humains, nous sommes, avec lui. Le couscous était froid, et la séance menait bon train. Même Zarathoustra n’aurait pas survécu à une telle épopée. Au fil de la soirée, la salle d’abord déserte s’est remplie petit à petit des gambers et routards qui passaient par là. Ils montaient dans le train, les uns après les autres. Et Cheyenne, tapis dans un coin, parti dans ses rêveries sans perdre une miette du concert. J’ai bien vu que ça lui remuait des choses, à notre clodo préféré. Bientôt le wagon fut plein. Regain d’énergie pour Phil & Vinc qui ont attaqué Neil Young pour changer un peu. Et puis Loo Reed, et puis Jacques est arrivé aussi, et ça a joliment tourné jazz et vieux mégots. Mon vieux Friedrich, sans vouloir mégoter, c’est ça aujourd’hui, le gai savoir !

Jean-Pierre Treille

 

et les photos, moins psychés que le billet d'humeur, sont ici... : 1 Le dernier concert : Phil & Vinc !

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