Le billet de Jean Pierre (soirée philo "l'absence")

Publié le par philippe

lundi24 mai 2010

 

soirée philosophique sur le thème de l’absence.

 

 Une soirée de débat sur thème, parsemée de témoignages divers, du plus drôle au plus grave. A l’aide d’un exercice proposé par Patrick, le photo-langage, les langues se sont déliées. L’absence interpelle, et chacun voit différemment ce que voient les autres, ce qui nous plonge en plein dans le sujet. L’absence laisse rarement indifférent. Ceci n’est pas un compte rendu exhaustif, j’en serais bien incapable, mais simplement une sorte de libre synthèse dans laquelle chacun y cultivera sa philosophie.

On veut retenir celui ou celle qui part. L’absence c’est l’absence de communication mais aussi du corps. Internet ne palie que l’une, tandis que le corps se fantasme dans la virtualité. La virtualité, c’est la séparation du corps et de l’esprit, avec tous les inconvénients que cela engendre.

 

Mais l’absence n’est pas que le fait de l’autre et ne se subit pas nécessairement. L’oubli de soi – s’absenter – ou être ignoré des autres, c’est à la fois une crainte et une liberté. Dans la vie courante on peut expérimenter cette fluctuation constante entre présence et absence de soi parmi les autres. Il y a sans doute une oscillation constant dans le jeu de l’échange. Chacun étant un miroir pour l’autre, tout en ne voulant pas être réduit à cette fonction de miroir. Si tu ne me donnes rien en échange, j’éteins mon miroir, je m’absente de la négociation. Désarroi devant quelqu’un qui ne nous renvoie que l’indifférence.

 

Le deuil, ce grand travail de l’absence, est différent selon l’âge de la personne disparue. Pour les plus âgés, leur disparition peut être ressentie comme un accomplissement heureux, pour les plus jeunes le sentiment d’inachèvement rend le deuil plus douloureux, et pour les gens disparus sans savoir s’ils sont encore vivants, le deuil est alors impossible. Si l’on est si sensible à l’absence, c’est parce qu’elle renvoie à ce sujet fondamental de la vie.

La vie, justement, est si forte qu’on trouve en soi des compensations à l’absence. Le deuil est un travail sur soi. Survivre à l’autre, c’est faire sien ce qu’il a été. Pourrait-on dire qu’on ne garde de l’autre que ce qui nous ressemble ? Au départ de quelqu’un on se sent pourtant différent.

 

Et d’ailleurs la vie a plus d’un tour dans son sac, puisque l’absence des uns rapproche les autres. C’est un des sens de la fête, peut-être même l’unique …

L’absence oblige aussi à inventer, réinventer sans cesse. A dire que l’absence serait le moteur de la créativité, il n’y a qu’un pas, que je veux bien franchir. Ce pourrait être un autre sujet de soirée.

 

Enfin je me pose la question : ça veut dire quoi, être au bon endroit au bon moment ?

Quelqu’un a évoqué le tourbillon de la vie, la foule, cette formidable énergie qui saoule et qui met hors de soi en étant avec les autres. On peut en être, on peut s’en passer, c’est selon. L’absence comme défi à la liberté, ce sera mon dernier mot.

 

Jean-Pierre Treille



Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article